mercredi 21 septembre 2016

A Montreux, Pink Floyd a inauguré une ère nouvelle

Pink Floyd au programme du Septembre Musical de Montreux-Vevey! En ces derniers jours d’été 1971, le festival jusque-là dévolu au classique fait sa révolution. Pour le plus grand bonheur des amateurs de musique pop – les 2000 places étaient toutes vendues des mois à l’avance – mais au grand dam de certains habitués. «Inviter ces «drogués» dans une salle où tant de musiciens célèbres se sont illustrés, voilà qui tient du scandale», déclarait l’un d’entre eux à L’Illustré au début de septembre 1971.
La musique du groupe anglais, auteur de l’album Atom Heart Mother sorti un an plus tôt, comptait au moins un amateur à la rédaction de la Feuille d’Avis de Lausanne en la personne du journaliste Francis Gradoux. Qui eut la curiosité de se glisser dans les coulisses du Pavillon des Sports (aujourd’hui le Petit Palais) afin d’y découvrir et de faire connaître à ses lecteurs l’équipement électronique de pointe utilisé par Pink Floyd. Qui en joue «comme Rubinstein du piano», se risque le rédacteur. Pour qui «une nouvelle musique est née… Mieux, s’élabore la synthèse longtemps rêvée entre les grands courants musicaux de notre temps.» Alors directeur du Septembre Musical de Montreux-Vevey, le chef René Klopfenstein ne disait pas autre chose dans L’Illustré: «Les différences de conception et d’approche entre la musique classique, contemporaine, le pop et le jazz tendent à s’estomper de plus en plus.»
«Une masse d’harmonie comme en rêvait Berlioz»
 diffusé en direct sur Sottens 1. Il est exceptionnel à plus d’un titre puisque Pink Floyd y joue en compagnie d’un chœur et d’un ensemble de cuivres (il reviendra au quatuor le lendemain à l’occasion d’une supplémentaire). «Il semble que le public habituel du festival avait été effarouché par l’étiquette pop du concert», relève Gradoux. Au contraire de son confrère Jean-Luc Ingold, pour qui «Pink Floyd tourne en rond», il est enthousiaste: «La musique, pour Pink Floyd, c’est avant tout une fête de l’oreille, une brassée de sons, une masse d’harmonie comme en rêvait Berlioz. Tout leur est bon pour inviter les gens à cette fête.» Le critique relève que certains passages d’Echoes, premier morceau inscrit au programme, qui fera partie de l’albumMeddle, à paraître quelques semaines plus tard, auraient pu être signés par des compositeurs de musique contemporaine.
Enfin, «Atom Heart Mother Suite, dans ses fulgurances, ses dissonances, ses mélodies tour à tour délicates et fuligineuses, ses accords violents et ses chants d’espoir, c’est toutes les contradictions, les contrastes, les anxiétés d’une époque où tout change, tout bouge». (24 heures)
(Créé: 21.09.2016, 09h06)

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